Le Ferdinand

Le Ferdinand, c’est le nom du vieux fermier qui nous accueille sur son terrain.

Nous sommes 32 logements, comment allons-nous nous faire accepter ici, là où ces collines sont celles des seigneurs, avec leurs belvédères, leurs balcons, leurs terrasses sur le grand paysage de la chaine de Belledonne.

Un curé a installé là son église sur un éperon rocheux, et a pris possession du paysage, en maitre des lieux. C’était l’époque des premiers colons, il n’y avait alors que quelques prairies et quelques vignes. Puis, les seigneurs sont venus s’installer pour profiter de ce lieu exceptionnel, ils ont construit leurs maisons sur les pentes. Nous sommes les derniers colons, les étrangers migrants qui montent de la ville. Les habitants nous disent : «si vous voulez que l’on vous accueille, soyez modestes, intégrez-vous en silence, adoptez nos coutumes. » Le message est compris.

Les volumes seront bas et allongés sur la pente, en terrasses plantées successives. S’étaler, se fondre. Des terrasses, une plage, des parasols, et pour la mer, c’est le paysage et la blancheur d’écume de la chaine de Belledonne à l’horizon. Le premier niveau se confond avec le sol par son crépis gris taupe. Les murs seront plus clairs dans les étages suivants. Au dernier étage, deux maisons revêtues de bois aux teintes claires, affinent le volume. Pas de grandes toitures en tuiles, ce serait trop conquérant, mais des terrasses engazonnées qui s’estompent dans la pente, et de la végétation, le plus possible. Deux tours carrées émergent pour scander le projet, elles sont grises, comme les falaises du Saint-Eynard. On est modeste, mais fier quand même.

L’architecture, c’est comme au théâtre, c’est fait pour faire rêver. Elle nous raconte une histoire, celle d’une installation dans le calme et le silence, ce qui fait aussi sa force.